Historique du programme Argo

En 2000, le programme international d'observation Argo a été lancé par la Commission Océanographique Intergouvernementale et l'Organisation Mondiale de la Météorologie, pour observer la température et la salinité in situ de l'océan global, afin de surveiller la variabilité de l'océan et de comprendre son rôle dans le climat. Pour atteindre cet objectif scientifique, il fallait fournir en temps quasi réel des profils de paramètres physiques de l'océan tous les 10 jours avec un échantillonnage de 3x3 degrés de l'océan global. Cela correspond à environ 3000 flotteurs opérant en permanence en mer.

Compte tenu de la technologie des profileurs autonomes disponibles au début du programme en 2000, les paramètres étaient limités à la température et à la salinité,  et la profondeur d'échantillonnage était limitée aux 2000 premiers mètres de la colonne d'eau. Enfin la zone d'étude était limitée à l'océan ouvert. Il a fallu environ 8 ans à la communauté internationale pour atteindre cet objectif (de 2000 à fin 2007).

Ensuite, plus de dix ans plus tard (2018), plus de 2 millions de profils de qualité contrôlée ont été fournis, produisant en une décennie le plus grand nombre de profils jamais réalisés dans l'histoire de l'océanographie. En plus de l'augmentation importante de la quantité de données de haute qualité, les biais d'échantillonnages historiques dans l'hémisphère nord et le zones côtières ont considérablement été réduits, rendant la surveillance de l'océan global beaucoup plus uniforme. Argo a également corrigé un biais saisonnier majeur dans l'échantillonnage, en particulier dans les océans sub-polaires. Il n'est donc pas surprenant que le programme Argo soit maintenant l'épine dorsale du Système mondial d'observation de l'océan (GOOS) in situ et révolutionne ainsi notre vision et notre compréhension de l'océan de manière inattendue jour après jour.

L’objectif du programme Argo a été revu en 2019 pour répondre à de forts enjeux scientifiques sur l’étude de l’évolution de l’océan et du changement climatique avec en particulier les questions posées sur le rôle de l’océan profond sur le bilan thermique de la planète, la désoxygénation des océans et les couplages physique-biogéochimique. Le nouvel objectif du programme Argo est de mettre en place un réseau global d'observations de l’océan, surface-fond et interdisciplinaire à partir de profileurs. Cette nouvelle définition a été possible grâce aux développements technologiques et aux expériences pilotes menées notamment en France (Equipex NAOS, ERC Remocean, CPER CREST Argo 2007-2014 et Euro-Argo 2015-2020) qui ont démontré l’intérêt scientifique et la faisabilité technique d’étendre les missions d’Argo aux paramètres biogéochimiques (oxygène, chlorophylle-A, carbone organique particulaire, nitrate, pH et irradiance), aux grandes profondeurs (au-delà de 2000 m), et aux hautes latitudes (y compris sous la glace).

Déploiement d'un flotteur Argo